Histoire : Comment savoir si c’est bien ou mal ?

Un cheval blanc lève la tête.

Artiste : Jacques-Laurent Agasse
Oeuvre de 1806 : Cheval gris dans les prés

Le paysan et le cheval blanc, de Lao Tseu (père du fondateur du taoïsme) :

Un jour, un vieux paysan pauvre suscitait la jalousie parce qu’il possédait un cheval blanc extraordinaire. Chaque fois qu’on lui proposait une fortune pour l’animal, le vieillard répondait :

  • Ce cheval est beaucoup plus qu’un animal pour moi, c’est un ami, un compagnon et je ne peux pas le vendre.

Un jour, le cheval disparut. Les voisins rassemblés devant l’étable vide commencèrent à donner leurs opinions :

  • Pauvre idiot, dit l’un d’eux, il était prévisible qu’on te volerait cette magnifique bête. Pourquoi donc ne l’as-tu pas vendue ? Quel malheur !

Le paysan se montra plus circonspect :

  • Allons, allons, n’exagérons rien, dit-il. Disons que pour l’instant le cheval ne se trouve plus dans l’étable, cela est un fait. Tout le reste n’est qu’une appréciation de votre part. Comment savoir si c’est un bonheur ou un malheur ? Nous ne connaissons qu’un fragment de l’histoire. Qui sait ce qu’il adviendra ?

Les gens se moquèrent du vieil homme. Quinze jours plus tard, le cheval blanc revint. Il n’avait pas été volé, il s’était tout simplement mis au vert et ramenait une douzaine de chevaux sauvages de son escapade. Les villageois s’attroupèrent de nouveau :

  • Tu avais bien raison, ce n’était pas un malheur, mais une bénédiction !
  • Je n’irais pas jusque-là, dit le paysan. Contentons-nous de dire que le cheval blanc est revenu, c’est tout ! Comment savoir si c’est une bénédiction ou une malchance ? Ce n’est qu’un épisode de l’instant. Peut-on connaître le contenu d’un livre en ne lisant qu’une seule phrase ?

Les villageois se dispersèrent, convaincus que le vieil homme avait tort. Recevoir douze beaux chevaux était indubitablement un cadeau du ciel, qui pouvait le nier ? Le fils du paysan entreprit le dressage des chevaux sauvages. L’un d’eux le jeta par terre et le piétina. Les villageois vinrent une fois de plus donner leur opinion :

  • Pauvre ami ! Une fois encore, tu as encore raison, ces chevaux sauvages ne t’ont pas porté chance. Voici que ton fils unique est estropié. Qui donc t’aidera à présent dans tes vieux jours ? Tu es vraiment à plaindre.
  • Voyons, rétorqua une fois de plus le paysan, n’allez pas si vite dans vos conclusions. Mon fils a perdu l’usage de ses jambes, c’est tout. Personne ne peut présager de l’impact de son handicap. La vie se présente par petits bouts, nul ne peut prédire l’avenir.

Quelque temps plus tard, la guerre éclata et tous les jeunes gens du village furent enrôlés dans l’armée, sauf le fils maintenant estropié du vieillard :

  • Vieil homme, se lamentèrent les villageois, tu as eu raison, ton fils ne peut plus marcher, mais il reste auprès de toi tandis que nos fils vont se faire tuer.
  • Je vous en prie, répondit le paysan, ne jugez pas hâtivement. N’avez-vous pas compris ? Vos jeunes sont enrôlés dans l’armée ; le mien reste à la maison. C’est tout ce que nous puissions dire. Comment savoir si c’est une chance ou une malchance ? Et encore moins, ce qui en adviendra !

*** *** *** Fin de l’histoire *** *** ***

Omraam Mikhaël Aïvanhov (Pensée du 23 avril 2022) :
« Ce qui compte chez un être humain, c’est d’abord ses qualités morales. S’il raisonne bien, s’il sait se dominer, quoiqu’il lui arrive, un succès ou une catastrophe, ce sera bon pour lui. Dans la vie courante, quand par exemple quelqu’un hérite tout à coup d’une grande fortune ou fait un mariage brillant, tout le monde dit: « Oh! quel bonheur, quelle chance ! » Seuls les sages, avant de se prononcer, commencent par étudier la question pour voir quelle est la mentalité de cette personne-là. Si elle est capricieuse, faible, égoïste, ils la plaignent: « Quel malheur, disent-ils, parce qu’avec un tempérament pareil, plus elle s’est élevée, plus sa chute sera terrible: elle va être brisée. Et pour une autre que tout le monde plaint parce qu’elle a tout perdu, sa fortune, son honneur, sa bonne réputation, un sage peut dire: « Cette personne est forte, elle a un haut idéal, elle sera capable de transformer cette perte en richesses spirituelles. »

Commentaire personnel de Denis St-Pierre (auteur ce site Internet) :
Quand je reçois une mauvaise nouvelle, quand rien ne se passe pas comme je le désire, je passe en mode désastre ! Je m’inquiète et je me sens injustement traité par la vie. En conséquence, je perds contact avec le fait que tout peut être transformé en occasion de cheminer pour mon bien et celui de tous. Ce principe m’aide à sortir du cercle vicieux des scénarios catastrophiques qui assombrissent mon jugement et peuvent me faire prendre de mauvaises décisions.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *