Comment gérer les désaccords ?

    « Il vaut mieux perdre un débat que de perdre un ami. »

    Il est important d’avoir des relations harmonieuses avec nos semblables. Et il est malheureusement inévitable d’être de temps à autre en désaccord avec certains d’entre eux. Plusieurs désaccords sont mineurs et sans conséquences. Mais parfois, nous sommes confrontés à des mésententes qui ont le potentiel de miner des relations importantes pour nous. Cet article présente plusieurs solutions à ce problème.

    « Rien ne crée autant de querelles que les désaccords. » Omraam Mikhaël Aïvanhov

    Dessin de 2 hommes en désaccord.

    Image par Azmi Talib de Pixabay

  1. Comprendre le contexte
    Chaque individu est unique par son passé, sa culture, son métier, son environnement, etc. Donc, ne vous attendez pas à ce que les gens réfléchissent comme vous et soient sensibles aux mêmes choses que vous. Est-ce que vous connaissez en détail les circonstances qui ont poussé une personne à adopter une opinion opposée à la vôtre ? Bien sûr que non ! Si vous aviez un passé différent, vous auriez probablement des opinions différentes. Il est alors tout à fait normal que certains soient en désaccord avec vous. Quand nous intégrons le fait que les autres ont (eux aussi) un passé qui influence leurs opinions, nous réagissons différemment aux désaccords et nous acceptons davantage nos semblables tels qu’ils sont. En réalité, les différences d’opinions sont des richesses à découvrir et à explorer (voir le Paragraphe 11 ci-dessous).
  2. Considérer la relation
    Plusieurs désaccords nous semblent justifiés parce que nous avons des œillères, c’est-à-dire que nous ne voyons qu’une partie de la situation. Si votre interlocuteur est une personne avec qui vous avez une belle relation, un bon ami par exemple, il est important de vous poser la question suivante : « Quel est le poids de ce désaccord par rapport à la valeur de cette relation ? ». En d’autres termes, avant de laisser une mésentente ruiner celle-ci, soyez certain que le différend en vaut la peine. Si votre interlocuteur est une personne à laquelle vous tenez vraiment, il est fort probable que cette relation soit plus importante que votre divergence d’opinions. Focalisez plutôt sur les qualités de cette personne et sur les raisons pour lesquelles vous tenez à elle. Cet exercice réduira (au moins un peu) votre perception de l’importance du désaccord. Limite : tenir à un être cher ne signifie pas que nous devons dire oui à tout et subir peut-être des choses inacceptables.
  3. Imaginer le désaccord un an après celui-ci
    La grande majorité des désaccords ne sont plus un an après, que de vagues souvenirs. Sur le coup, ils paraissent importants, mais le temps les a effacés dans une large mesure. Donc, pour me calmer pendant une discussion intense, je me projette dans le temps. C’est-à-dire que je me transporte dans l’avenir et je prends le point de vue imaginaire de la situation un an après. Selon cette perspective, je me pose cette question : « Est-ce que j’exagère l’importance de ce différend ? ». Et ma réponse est presque toujours « Oui ».
  4. Accepter l’irritation des autres
    Nous vivons tous de temps à autre des situations stressantes ou irritantes. Dans ces conditions, certaines personnes ont tendance à déverser leurs frustrations sur les gens autour d’eux. Si vous êtes en désaccord avec une personne vexée ou fâchée, il est possible que vous soyez la victime de sa frustration. La solution, bien que difficile à appliquer, est de dédramatiser, voici comment : Réagir à la colère.
  5. Ne pas tenter de corriger
    Certains croient qu’ils ont le devoir de toujours corriger la personne qui est en désaccord avec eux. Cette attitude est impertinente et irritante. Lors d’un désaccord, il est avantageux d’être réceptif aux paroles de notre interlocuteur. Si le différend est un sujet désagréable pour l’autre, il est préférable de ne pas le mentionner. En parlant moins, nous pouvons mieux écouter notre interlocuteur ; ce qui contribue à maintenir une relation harmonieuse. Exception : occasionnellement, il est nécessaire de défendre son point de vue : voir la section « Confrontation d’idées enrichissantes » ci-dessous.
  6. Ne pas insister pour avoir raison
    Le respect de l’autre devrait prévaloir sur notre désir d’avoir raison dans une conversation. Insister indûment pour persuader est irritant pour notre interlocuteur. Le respect de l’autre est une valeur essentielle dans toute communication, qu’elle soit personnelle ou professionnelle. Nous avons tous des opinions et des points de vue différents et il est naturel de vouloir les exprimer et les défendre. Chaque individu a le droit de penser différemment et d’avoir ses propres opinions. Imposer nos opinions peut donner l’impression que nous ne sommes pas prêts à écouter l’autre et que nous ne tenons pas compte de ses pensées et de ses sentiments. Il est préférable de chercher à comprendre l’opinion adverse en posant des questions ouvertes et en écoutant attentivement les réponses.
  7. Se mettre à la place de son opposant
    Lorsque l’on ne comprend pas le contexte exact de l’autre, il est difficile de déchiffrer pourquoi il est en désaccord avec nous. Il peut donc être utile d’imaginer être à la place de celui-ci. Cet exercice a souvent pour résultat de mettre en lumière la dimension humaine derrière les arguments de notre interlocuteur. Vous auriez peut-être la même réaction que lui, si vous étiez à sa place. En faisant cet exercice, vous pourriez ressentir un certain apaisement, car cette technique (s’imaginer être à la place de l’autre) nous fait comprendre le raisonnement de l’autre et ceci peut avoir pour résultat une meilleure compassion pour lui. Cet exercice est particulièrement utile avec les personnes qui nous sont désagréables.
  8. Ne pas faire preuve d’orgueil
    Certains croient nécessaire de toujours défendre leurs convictions avec fierté. On les voit batailler obstinément contre ceux qui ne sont pas de leur avis. Il est bien d’avoir des convictions. Mais est-ce nécessaire de défendre celles-ci à tout prix en toutes circonstances ? Non évidemment ! Cette attitude est généralement motivée par l’orgueil. Par ailleurs, il est important de défendre son point de vue dans certaines situations, cependant ceci doit être fait avec respect et dans un contexte bien particulier : voir la section « Confrontation d’idées enrichissantes » ci-dessous.
  9. Être objectif
    De temps à autre, il est utile de s’interroger sur le bien-fondé de nos opinions. De toute évidence, elles sont influencées par les circonstances, par notre état d’âme et même parfois par notre état physique. L’attitude à prendre devant ce phénomène est simplement de reconnaître l’effet du contexte sur ce que nous considérons être la « vérité ». Ceci nous permet notamment de respecter davantage l’opinion des autres, qui est (elle aussi) influencée par différentes choses.
  10. Éviter de parler du désaccord

    Si la conversation tourne mal chaque fois que vous parlez du désaccord, évitez si possible ce sujet de conversation. Évidemment, si votre interlocuteur aborde lui-même le sujet litigieux, vous devez le respecter, écouter ce qu’il dit et répondre à ses questions. Mais dans ce contexte, il est préférable de ne pas volontairement provoquer une conversation qui porte sur le désaccord. Et surtout, il ne faut pas croire qu’il est toujours nécessaire de débattre de la question, voici pourquoi :

    • Premièrement, nous sommes rarement certains à 100% d’avoir raison.
    • Deuxièmement, même si nous sommes certains d’avoir raison, il n’est pas nécessairement bénéfique d’essayer de corriger notre interlocuteur.
    • Troisièmement, souvent notre interlocuteur ne désire pas entendre un point de vue opposé au sien.

    Inversement dans certaines situations, il est utile d’exprimer son point de vue. Dans certaines circonstances, il est même impératif de s’exprimer pour éviter ou résoudre un conflit. Chaque situation est unique, il est donc nécessaire de réfléchir pour déterminer s’il faut parler ou non parler d’un sujet litigieux.

  11. Apprendre des désaccords

    Même lorsque vous considérez que l’opinion de votre interlocuteur est complètement erronée, il y a quand même des choses intéressantes à apprendre. Parfois, ceci se réduit à comprendre comment votre interlocuteur en est arrivé à cette position apparemment fausse. Le simple fait de focaliser sur l’apprentissage nous rend déjà un peu plus ouverts à des idées opposées aux nôtres. Et nous pouvons favoriser l’assimilation de ces nouvelles connaissances en nous posant les questions suivantes :

    • Est-ce que mon interlocuteur possède des informations que je n’ai pas ?
    • Est-ce qu’il y aurait une autre façon valable de voir les choses ?
    • Est-ce qu’il y a au moins un peu de vérité dans l’opinion de l’autre ?
  12. Être heureux malgré les désaccords
    Qu’on le veuille ou non, il est normal d’être en désaccord sur certaines convictions des gens qui nous entourent. C’est la vie. Donc l’objectif n’est pas d’éviter tous les différends. Il s’agit plutôt d’être heureux malgré les eux. Pour ce faire, il est utile de voir les désaccords comme des défis. En d’autres termes, il est possible de faire en sorte que les désaccords ne soient pas un poids, mais plutôt des occasions de mieux se connaître et de mieux comprendre les autres, notamment nos proches. Pour ce faire, n’hésitez pas à questionner ceux-ci sur les éléments qui supportent leurs opinions. Finalement, lorsqu’il y a une mésentente, il est préférable de s’oublier un peu et de ne pas mettre en avant constamment nos points de vue. Il faut plutôt se montrer compréhensif, indulgent et patient. Cette attitude demande un effort au début, mais elle permet souvent de récolter de grands bénéfices par la suite.
 Un homme lève le bras pour manifester son désaccord.

Image de Cochinada dans Cleanpng.com

Confrontation d’idées enrichissantes :
Si le contexte s’y prête, il est légitime d’exprimer et de soutenir ses opinions. Dans certaines circonstances, la confrontation est même nécessaire. Les paragraphes précédents ne prétendent pas que l’on doit éviter les désaccords en toutes circonstances. Ils expliquent seulement que certaines mésententes peuvent déclencher des disputes inutiles et qu’il faut donc bien gérer cette possibilité. Mais il n’est pas question ici d’éviter les échanges enrichissants d’idées opposées. Lorsque la situation et l’ambiance s’y prêtent, il est agréable et fructueux d’échanger sur des idées contraires. Tout est dans la façon de le faire. Ceci se traduit principalement par un respect de l’autre. Lorsque celui-ci se sent traité avec égard, il devient généralement plus enclin à s’ouvrir, ce qui rend la conversation encore plus agréable et enrichissante.

Limites de cet article :

Les douze approches précédentes ne s’appliquent pas aux situations de conflit direct, c’est-à-dire aux disputes qui ont des conséquences réelles. En d’autres termes, cet article s’adresse uniquement aux désaccords qui n’ont pas d’impact concret sur votre vie quotidienne. Par exemple, vous pourriez avoir des opinions socialistes, pendant que votre interlocuteur a des opinions capitalistes, mais à moins que vous ne soyez engagé politiquement, ce différend idéologique ne change rien à votre routine quotidienne. Pour des désaccords plus graves, il est préférable de consulter…

« Les causes d’un désaccord sont rarement aussi graves que le malaise qui en découle. »

Conclusion (sympathie, amitié et amour) :
Tant qu’on se laisse mener par nos intérêts personnels et notre orgueil, plusieurs désaccords demeure irrésolus. Il devient alors difficile d’établir une relation positive avec notre antagonisme. Dès le moment où l’on éprouve un sentiment favorable envers celui-ci, le désaccord prend une couleur différente ; c’est-à-dire que nous pouvons nous positionner au-dessus de celui-ci, bien au-delà du fait d’avoir tort ou raison. Ce contexte sentimentalement différent nous permet alors de résoudre le désaccord ou de vivre avec celui-ci, sans en être atteints négativement ou presque. En d’autres termes, si nous éprouvons un sentiment positif (sympathie, amitié ou même amour) envers notre interlocuteur, il devient possible de vraiment focaliser sur la personne plutôt que sur la mésentente. Ainsi, le désaccord peut être abordé avec le désir sincère d’aider l’autre. Dès que nous éprouvons ce sentiment, notre attitude devient beaucoup plus conciliante et les gens autour de nous le perçoivent clairement.

« La paix n’est pas le résultat d’une absence de conflit, mais plutôt de notre habileté à bien gérer ceux‑ci. »

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